Opérations Forestières

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Enfin du carbone forestier québécois à vendre

2 septembre, 2021  par Le Quotidien


Il aura fallu plus de huit ans au gouvernement québécois pour mettre en place un protocole de séquestration du carbone forestier. Quelles sont les implications pour la société québécoise ? Le Progrès a questionné Jean-François Boucher, professeur à l’Université du Québec à Chicoutimi et expert en gestion du carbone forestier, pour mieux comprendre les implications.

[Q] Le gouvernement Legault a récemment annoncé un règlement pour que les projets de séquestration du carbone forestier soient reconnus sur le marché du carbone. Quelles retombées cette annonce peut-elle avoir au Québec ?

[R] Le nouveau protocole de crédits compensatoires pour le boisement et reboisement de terres privées du Québec générera une nouvelle activité économique sur le territoire québécois. Il est important de savoir que les crédits compensatoires permettent d’aller « au-delà du cours normal des affaires », en vertu du principe d’additionnalité ; ce principe est rigoureusement et scrupuleusement vérifié lors de l’étape de vérification d’un projet compensatoire (vérification faite par une tierce partie indépendante dûment qualifiée). Cela se manifestera par les investissements que les promoteurs de projets devront consentir pour réaliser et maintenir les plantations, ce qui inclut toutes les étapes coûteuses relatives à la validation et la vérification d’un projet afin d’obtenir le droit de vendre des crédits carbone, mais aussi par l’achat de ces crédits carbone par les entreprises québécoises réglementées (assujettis à un plafonnement d’émissions) qui choisiront cette option de conformité réglementaire. Cela n’est pas rien, puisqu’à environ 25 $ dollars la tonne de CO2 (1 tonne = 1 crédit), cela peut correspondre chaque année à plusieurs millions de dollars d’achat de crédits compensatoires fait au Québec. À titre d’exemple, pour la période de conformité 2015-2017, environ 100 M de crédits compensatoires forestiers ont été achetés par des entreprises réglementées du Québec auprès de promoteurs de crédits… californiens ! La possibilité, dorénavant, de générer ici sur le territoire québécois des crédits carbone forestiers permettra donc, ultimement, de cesser cette importante fuite de capitaux vers la Californie qui a lieu depuis 6 ans.

Une deuxième retombée intéressante découlant de cette annonce est l’augmentation de la superficie forestière au Québec, rendue possible grâce à ce nouveau levier financier auquel correspond la vente de crédits compensatoires. Certaines estimations provenant d’études québécoises font état d’environ 100 kilohectares de terres en friche, ou autres terrains vagues non boisés, dans le sud du Québec qui pourraient faire l’objet de plantations. Jusqu’à maintenant, ni l’intérêt ni l’engouement n’étaient suffisants au Québec pour inciter les propriétaires de terres privées à investir afin d’y réaliser de nouvelles plantations. Or, de telles plantations deviennent maintenant intéressantes, étant donné la possibilité d’engranger de nouveaux revenus, grâce à la vente de crédits carbone.

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